Un syndicat catégoriel peut demander un référendum pour valider un accord collectif
La Cour de cassation rappelle qu’un syndicat catégoriel peut s’associer à des syndicats intercatégoriels pour demander l’organisation d’un référendum visant à valider un accord collectif minoritaire.
Pour vérifier si le seuil de 30 % des suffrages requis pour cette demande est atteint, il faut rapporter l’audience électorale du syndicat catégoriel à l’ensemble des collèges.
1/ Validation d’un accord minoritaire par référendum
Un accord d’entreprise ou d’établissement est valide si les syndicats signataires totalisent plus de 50 % des suffrages exprimés en faveur des syndicats représentatifs au premier tour des élections du CSE (article L.2232-12 du code du travail).
Lorsqu’un accord ne recueille pas cette majorité, il ne peut s’appliquer que sous deux conditions :
- S’il représente moins de 30 % des suffrages exprimés, il est inapplicable.
- S’il représente plus de 30 %, il peut être validé par référendum à l’initiative des syndicats signataires ou, à défaut, de l’employeur.
2/ Un syndicat catégoriel conteste l’organisation du référendum
En février 2023, lors des élections professionnelles d’une entreprise, les syndicats représentatifs ont obtenu les résultats suivants :
- CFDT : 51,29 %
- CFTC : 23,79 %
- CGT : 17,36 %
- CFE-CGC : 7,56 % (mais 51,65 % dans le collège cadres)
Un accord de négociation annuelle obligatoire (NAO) a été signé en mars 2023 par la CFTC, la CGT et la CFE-CGC, ce qui ne représentait pas la majorité des suffrages.
Pour valider cet accord, la CFE-CGC et la CFTC ont demandé l’organisation d’un référendum.
Celui-ci a eu lieu le 9 juin 2023 et 66 % des salariés ont approuvé l’accord.
La CFDT et une salariée ont alors contesté le référendum devant le tribunal judiciaire, soutenant que la CFE-CGC ne pouvait pas être comptabilisée dans le seuil des 30 % car elle n’était représentative qu’au sein du collège cadre.
3/ Le syndicat catégoriel peut signer un accord intercatégoriel et demander un référendum
La Cour de cassation rappelle que :
- Un syndicat catégoriel peut négocier et signer un accord intercatégoriel, même s’il ne représente qu’une seule catégorie de salariés (Cass. soc. 31 mai 2011, n° 10-14391).
- Pour vérifier si un accord est majoritaire, son audience électorale doit être rapportée à l’ensemble des collèges.
- En conséquence, un syndicat catégoriel signataire d’un accord minoritaire peut, avec des syndicats intercatégoriels, demander l’organisation d’un référendum si l’ensemble des signataires dépasse 30 % des suffrages exprimés.
En l’espèce, la CFE-CGC avait obtenu 51,65 % des suffrages dans le collège cadre, ce qui la rendait représentative.
Le seuil des 30 % était bien atteint avec la CFTC (23,79 %) et la CGT (7,56 %).
Le référendum était donc valide.
4/ Validité de la question posée aux salariés
La CFDT contestait aussi la question du référendum :
- Elle jugeait trop vague la formulation : « Approuvez-vous l’accord NAO dans son entièreté ? ».
- Elle estimait que certaines mesures de l’accord étaient déjà appliquées unilatéralement par l’employeur, ce qui pouvait fausser le choix des salariés.
Mais la Cour de cassation valide la question posée :
- L’accord portait sur plusieurs mesures, ce qui justifiait une question globale.
- L’employeur avait informé les salariés des mesures déjà mises en place.
- La CFDT avait pu faire campagne et distribuer des tracts critiquant la question.
Le référendum du 9 juin 2023 était donc valide, et l’accord collectif définitivement adopté.
📌 Cass. soc. 22 janvier 2025, n° 23-21936 FB