Activité concurrente : une salariée licenciée pour manquement à son obligation de loyauté
Dans un arrêt du 11 décembre 2024 (n° 22-18362 D), la Cour de cassation confirme qu’un salarié à temps partiel ne peut exercer une activité concurrente à celle de son employeur sans manquer à son obligation de loyauté.
La salariée, responsable juridique dans un cabinet d’expertise comptable, a été licenciée pour faute grave après avoir créé une activité indépendante empiétant directement sur les missions de son employeur.
1/ La faute grave : une activité concurrente non accessoire
La salariée, exerçant à temps partiel, avait créé une microentreprise proposant des services juridiques, fiscaux, sociaux et comptables similaires à ceux de son employeur.
Si son activité générait des revenus modestes, la Cour a estimé qu’elle portait directement atteinte aux intérêts de l’entreprise.
En effet, l’obligation de loyauté impose au salarié de ne pas concurrencer son employeur, même à temps partiel (article L. 1222-1 du Code du travail).
La Cour a ainsi confirmé que la faute grave était constituée, peu importe l’ancienneté de la salariée ou l’absence de sanction antérieure. Le licenciement était justifié.
2/ Une irrégularité dans la procédure de licenciement
Toutefois, la Cour de cassation a relevé une irrégularité procédurale liée à la convocation à l’entretien préalable.
En effet, la lettre recommandée n’avait pas été remise à la salariée en raison d’une erreur de La Poste, et l’employeur n’avait pas vérifié que l’information avait bien été portée à la connaissance de la salariée.
L’entretien préalable ayant eu lieu sans que la salariée en ait été informée, la procédure de licenciement n’a pas été respectée (article L. 1232-2 du Code du travail).
En conséquence, l’employeur a été condamné à verser à la salariée une indemnité équivalente à un mois de salaire pour vice de procédure (article L. 1235-2 du Code du travail).
3/ Précautions pour les DRH
Cet arrêt souligne l’importance de :
- Vérifier que les salariés respectent leur obligation de loyauté, notamment en cas de cumul d’activités professionnelles.
- S’assurer que les étapes de la procédure de licenciement sont rigoureusement suivies. Une remise en main propre contre décharge peut éviter des litiges liés à des erreurs externes, comme celles de La Poste.
Références juridiques :
• article L. 1222-1 du Code du travail : Obligation d’exécuter le contrat de travail de bonne foi.
• article L. 1232-2 du Code du travail : Convocation à l’entretien préalable au licenciement.
• article L. 1235-2 du Code du travail: Sanction pour irrégularité dans la procédure de licenciement.
• Cour de cassation, chambre sociale, 11 décembre 2024, n° 22-18362 D.